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Conseillé par o n l a l u16 septembre 2017
Sauver sa peau
Le roman s’ouvre en avril, sur le premier grain d’un rosaire, une image d’Emma et de son amour perdu, un homme de douze ans son aîné qu’elle a aimé, contre toutes attentes, l’été de ses 27 ans. Quelques pages plus loin, vient le deuxième grain, une scène de fin de journée d’été. Caissière à la Grande Récré, la narratrice n’a de cesse d’égrener inlassablement ce rosaire, d’avant en arrière, comme pour tenter de ressusciter les souvenirs de cet homme qu’elle nomme par la première lettre de son prénom : E.
La jeune femme rencontre E. devant son agence immobilière pour visiter un studio au lendemain d’une rupture amoureuse. La première fois qu’elle le voit rappelle celle de l’Aurélien et de la Bérénice d’Aragon : elle le trouve « quelconque, sinon laid ». La photographie de cet instant reste pourtant floue. Il portait « sûrement » un jean, écrit Emmanuelle Richard. Et cet adverbe résume à lui seul l’entreprise du livre, cette vaine tentative de restituer le passé.