Les Choses humaines

Karine Tuil

Gallimard

  • Conseillé par
    14 décembre 2019

    Je suis assez partagée avec ce roman.
    La première moitié m’a semblé très longue.
    Un journaliste célèbre de la télévision
    Sa femme de vingt ans plus jeune, féministe, essayiste dans des journaux.
    Leur fils de vingt ans, brillant étudiant aux Etats-Unis,.
    Tous ces personnages sont très caricaturaux.
    Un milieu parisien aisé, pas très sympathique, surfait
    .Puis la deuxième partie raconte le procès.
    Car oui, le fils est accusé d’avoir abusé d’une jeune fille.
    Et là, c’est un peu plus intéressant.
    Le sujet est très contemporain, voire peut-être un peu opportuniste de la part de l’auteur. Bon, mais là, c’est mon sentiment je ne suis pas sûre et ne veux pas lui prêter de mauvaises d’intentions.
    Plus qu’un sujet de fiction c’est un sujet d’actualité.
    Sujet qui nourrit généreusement les réseaux sociaux actuellement.
    Les abus sexuels, les zones grises, consentement ou pas…..des questions qui interpellent depuis un bon moment à l’écoute des informations.
    Les femmes sont souvent la proie des hommes et c’est souvent ignoble.
    Mais on arrive à un stade où il ne doit plus être aussi confortable d’être un homme.
    Et si c’est tant mieux, il nez faudrait pas tomber dans le procès d’intention systématique.
    Bien sûr toutes ces réflexions sont nécessaires et le quotidien de l’actualité nous les rappelle, sans qu’il soit d’ailleurs facile d’arrêter une vérité ou l’autre.
    Ce que je reprocherais donc à ce livre, c’est de ne pas être une fiction littéraire nous emmenant à un autre monde, à des personnages intenses.
    Aucun ne m’a fait vibrer.
    Si un roman n’a pour mission que de nous plonger dans la réalité, il me semble qu’il lui manque une certaine dimension.
    De plus, si la lecture est fluide, ni l’écriture ni le style ne dénotent d’une quelconque originalité.
    Je me trouve assez sévère, d’autant que d’ordinaire, j’approuve toujours le choix des lycéens pour leur Goncourt.


  • Conseillé par (Libraire)
    15 septembre 2019

    Existe-t-il plusieurs vérités ?

    Existe-t-il plusieurs vérités ?
    Karine Tuil décripte avec empathie l'efficacité redoutable de la machine médiatico-judiciaire. Et personne n'en sortira indemne ...


  • Conseillé par
    26 août 2019

    Vie moderne

    Le roman commence avec de longs chapitres qui présentent chacun des personnages en s’attardant sur Jean Farel, célèbre journaliste de plus de 60 ans mais toujours à l’antenne.

    Son ancienne seconde femme, Claire, est une écrivaine féministe.

    Leur fils Alexandre prépare son admission à Stanford et revient à Paris ou son père va recevoir la Légion d’honneur (ou un autre hochet de la République).

    Après la réception à l’Elysée, Alexandre se rend à une fête avec la fille aînée de l’amant de sa mère. Lors de cette soirée, Mila boit du champagne, elle qui n’a pas l’habitude et Alexandre finit par la violer derrière une benne à ordure et récupérer sa petite culotte, enjeu d’un pari.

    Mais Mila porte plainte et tout bascule.

    Et c’est là que le roman met mal à l’aise : Alexandre ne regrette pas son acte. Ce qui le gène, c’est d’être incarcéré et de ne pouvoir se rendre à son entretient pour Stanford. Pour lui, ce qu’il a fait est normal.

    Sa mère, féministe engagée, prend tout de même le parti de son fils.

    Jean, le père croit à un complot pour le faire virer de la chaîne, et va même jusqu’à avoir des propos outranciers lors du procès de son fils.

    Car ce que démontre le procès, c’est que c’est la victime Mila qui est accusée : est-ce qu’elle ment ? Pourquoi ne s’est-elle pas défendue ? Ses moindres gestes après son viol sont suspects.

    En revanche, tout ce qu’a fait Alexandre est parfaitement normal et le reflet des comportements des jeunes qui regardent tous des vidéos pornos et trouvent normal de dire à une jeune fille qu’il ne connait pas : « Suce-moi, salope ». Révoltant !

    Un roman qui analyse la procédure pénale et la société contemporaine où tout le monde avale du Xanax comme des bonbons pour rester performant et surtout ne pas penser aux conséquences de ses actes.

    Une lecture qui m’a parfois révoltée devant le désarroi de Mila, qui avant d’être violée et condamnée n’a pas eu de procès.

    Un grand roman malheureusement basé sur des faits réels.

    Et puis un roman qui s’ouvre sur une citation de Bernanos ne pouvait que me plaire.

    L’image que je retiendrai :

    Alors qu’Alexandre rentre dormir chez sa mère après le viol, Mila se rend à la police puis à l’hôpital avec sa mère où elle subit des tonnes d’examens et avale des tas de pilules (du lendemain, contre le VIH et le MST)

    Quelques citations :

    Qui cherche la vérité de l’homme doit s’emparer de sa douleur. Georges BERNANOS in "La joie"

    C’est même comme ça qu’on sait qu’on est vivant : on se trompe. Philipp ROTH in "La pastorale américaine"

    La maladie est une zone d’ombre de la vie, un territoire auquel il coûte cher d’appartenir. En naissant, nous acquérons une double nationalité qui relève du royaume des bien portants comme de celui des malades. Et bien que nous préférions tous présenter le bon passeport, le jour vient où chacun de nous ets contraint, ne serait-ce qu’un court moment, de se reconnaître de l’autre contrée. » Susan SONTAG in "La Maladie comme métaphore"

    Elles étaient trois femmes d’une même génération, promises à un destin enviable, et les trois avaient été entravées, affaiblies, à des moments différents de leurs vies, à cause de la captation prédatrice des hommes en qui elles avaient confiance. (p.248)

    https://alexmotamots.fr/les-choses-humaines-karine-tuil/