La littérature de jeunesse
EAN13
9782200347161
ISBN
978-2-200-34716-1
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
128
Nombre de pages
128
Dimensions
18 x 13 cm
Poids
137 g
Langue
français
Code dewey
800
Fiches UNIMARC
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La littérature de jeunesse

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Armand Colin

128

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Introduction?>Les livres pour l'enfance et la jeunesse constituent aujourd'hui l'une des branches les plus dynamiques de l'édition. Dans un contexte marqué par une baisse des ventes en librairie, ce « segment » connaît une croissance continue et arrive en deuxième place après la littérature générale, représentant plus de 15 % du chiffre d'affaires de cette activité. Mais au delà de données comptables, c'est une transformation qualitative qui se manifeste, un changement de statut engagé depuis longtemps et dont le rythme s'est accéléré dans le dernier quart du XXe siècle : alors qu'ils appartenaient au monde de l'éducation ou tout au contraire à celui des jouets et des étrennes, les livres pour enfants peuvent désormais relever pleinement de la littérature, au sens pris par cette dernière depuis le milieu du XIXe siècle, c'est-à-dire d'une entreprise artistique fondée sur l'ambition de « faire œuvre », de renouveler à chaque fois les règles et même de les subvertir.En 2002, cette nouvelle configuration s'est vue consacrée par une liste de titres recommandés pour le cycle 3 de l'école primaire, tandis qu'en 2005 le « domaine de la littérature de jeunesse » devenait matière de concours en vue du recrutement des professeurs des écoles. Cependant, la littérature de jeunesse en est encore à se constituer comme discipline à l'université, et ses frontières demeurent incertaines, tant pour ce qui est de la définition de la jeunesse que du fait littéraire : toutes sortes de publications restent indifférentes à cette revendication artistique et participent plus que jamais d'une industrie où l'auteur n'a pas d'existence et où certains noms de personnages ne sont que des marques commerciales.?>1?>Historique 1 : Des livres d'éducation?>Il n'y a pas à proprement parler une histoire de la littérature de jeunesse, puisque ce terme est trop récent pour rendre compte de l'ensemble des ouvrages rédigés à l'intention d'un jeune public. Ou du moins cette histoire, écrite après coup, ne peut que retenir certains faits jugés significatifs aujourd'hui, dans la perspective d'une construction lente et progressive de ce domaine.1. Enfances?>Comme la littérature populaire, qui renvoie à un peuple insaisissable, la littérature de jeunesse est en principe caractérisée par son public ; elle a donc longtemps été considérée comme inférieure, « connexe » ou « marginale ». Certains parlent de « paralittérature », terme qui semble vouéà disparaître avec la contestation des hiérarchies. Mais plus se manifeste l'ambition des auteurs, plus le destinataire se fait virtuel : l'enfance devient moins une époque de la vie qu'un état, une région laissée intacte au plus profond de chaque individu1.1.1 Un public introuvableCe public est également composite puisque, par exemple, tout semble séparer l'adolescent et le bébé-lecteur. Cependant, si les définitions de l'enfance et de la jeunesse se révèlent mouvantes selon les époques et les civilisations, ces deux périodes de la vie se rejoignent pour s'opposer à la maturité de l'adulte. Il y a ce qu'on lit avant et après. Cet avant suppose toujours une incomplétude, une part d'inexpérience ainsi qu'une relation inégalitaire établie sur la différence d'âge et fondatrice d'une littérature dite « adressée », même si nombre d'éditeurs et d'auteurs se défendent aujourd'hui de rechercher un lectorat particulier. Autrefois ouvertement morale ou instructive, la perspective est maintenant fondée sur des considérations psychologiques – respect de l'enfance – et bien plus encore esthétiques : il s'agit d'être créateur même lorsque l'on s'adresse à l'enfance.Une autre distinction, celle des filles et des garçons, a été longtemps considérée comme évidente et nécessaire, malgré de nombreuses réticences, lisibles chez la comtesse de Ségur elle-même. Cette séparation semblait s'être effondrée avec l'instauration de la mixité scolaire : en 1975, Rose Bonbonne, un album d'Adela Turin paru aux éditions des Femmes, était une fable contre les stéréotypes sexistes, dans la lignée de l'essai d'Elena Gianini Belotti, Du côté des petites filles – L'influence des conditionnements sociaux sur la formation du rôle féminin dans la petite enfance. Aujourd'hui, sans doute parce que l'inégalité est moins apparente ou qu'elle ne suscite plus le même scandale, réapparaissent des collections qui affichent sans honte un caractère « fleur bleue », agrémenté cependant d'une pointe d'humour, comme « Planète filles » (Trois filles et des torrents de larmes, Trois filles et dix kilos en trop, de J. Wilson), ou « Histoire d'amour » (Mon amoureux d'Internet, de M. Mélisou). Dans un des tomes du Journal intime de Georgia Nicolson, de L. Rennison, publié sous couverture rose fuchsia, l'héroïne se pâme « d'amuuuuuuur ». Chez Disney, ce sont des aventures spécifiquement féminines avec la série W.I.T.C.H., acronyme reprenant les initiales de cinq filles, cinq « amies magiques ». Plus fondamentalement, les enquêtes sociologiques notent une différence sexuée des comportements : non seulement les filles lisent plus, et plus de romans, mais elles se tournent davantage vers la vie intérieure, la littérature de jeunesse ou les témoignages personnels comme Moi, Christiane F., treize ans, droguée, prostituée de K. Herman et H. Rieck ou le Journal d'Anne Frank, tandis que les garçons préfèrent l'aventure ou l'humour2. Ces différences s'accentuent avec le déclin des études littéraires au lycée et la féminisation du corps enseignant.
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