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4 septembre 2010

un livre sublime

Une fois encore, je me suis laissée bercer par le charme de cette histoire particulière, teintée d'une certaine poésie.

Un livre tout en couleurs, aux parfums aromatiques, saupoudré de pollen, ce texte humble et sensible nous porte d'un pays à un autre, d'une histoire à une autre toute en rondeur et chaleur. La narration est particulière mais intéressante. Un homme qui parle des livres, des arbres avec toute la passion qui l'accompagne. Il nous conte des brides de sa vie,comme un chant qui résonnerait entre le présent et le passé, tantôt il fait allusion à la guerre, tantôt aux femmes de sa vie, et puis son présent qui se conjugue entre son activité de jardinier, sa nouvelle passion, Làila.

Ce livre se lit comme un conte, il est un de ces livres qu'on s'obstine à classer en roman, mais ils sont tout à fait particuliers, sans genre ni étiquette, ils sont uniques de par leur structure, telle une œuvre d'art qui s'admire et dont nous ne verrons nulle part ailleurs, puisque son essence est d'être unique, cet ensemble bâti ainsi, aux ornements poétiques, prend une allure de légende que nous conterait l'auteur…

Les pages glissent au fil des mots, l'histoire ne s'impose pas mais se devine au gré des souvenirs, le tout nous offre une lecture sublime, nous laissant un peu au dépourvu quand la fin déjà se précipite sous nos doigts. J'ai beaucoup aimé ce livre et je suis tout à fait conquise par l'auteur dont je ne demande qu'à découvrir un peu plus.

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4 septembre 2010

Pascal Garnier et son monde si particulier

C’est là mon envie de me plonger à nouveau dans ses livres après “le grand loin” ce deuxième livre pour ma part “Comment va la douleur” ressemble bien à ce refrain qui refredonne dans ma tête, une chanson humoristique et à la fois cinglante d'une douleur qui traverse l’histoire comme un coup d’épée.

Pascal Garnier a le don de mélanger avec génie le noir et le blanc non pas pour nous peindre de gris son histoire mais un panache de couleurs qui jaillit à travers ses personnages toujours très marquants et originaux, même si ils ont parfois un petit côté répugnant, cynique ou marrant. Les descriptions sont si remarquables qu’on se croirait au cinéma, l’histoire se déroule tel un film, pas d’ennui, que du plaisir, des sourires, des angoisses parfois, de l’émotion et de la tendresse, assurément un joyeux cocktail de lecture dont je ne me lasse pas. Il est bien regrettable qu’il nous ait quitté si vite, si tôt.

Pourquoi redire l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement à se plonger dans ce roman : “Comment va la douleur” est une expression africaine pour se saluer; je serai curieuse d’en savoir plus à ce sujet.

La douleur omniprésente devient la raison majeure de cette décision d’embaucher “Bernard” si attachant. Tout au long de cette mission, on croise Fiona et sa fille Violette, Rose et Anaïs la mère de Bernard, un tableau à elle toute seule.

J’ai encore bien ri des tableaux brossés par l’auteur, c’est d’un humour et pourtant il n’y a pas de quoi rire des malheurs des autres mais la façon dont il nous livre ces coups de “gueule” on ne peut que succomber.

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16 juillet 2010

Lire Andrée Chedid, c’est à coup sûr un voyage vers un pays particulier, celui qu’elle a fait sien, bâti œuvre après œuvre… une invitation à contempler une peinture, comme une fresque d’une certaine humanité entre celle qu’elle nous expose et celle qu’elle nous suggère à travers sa philosophie de la vie et sa poésie.

Bien que ça soit un roman, nous vous y trompez pas, la poésie est présente en filigrane de ce roman de part le style et par des invites ici et là au sein de l’histoire même.

Ici, elle nous peint le tableau de Jean de Dieu. Sur le chemin de sa destinée, il croise des personnages clé qui feront que sa vie bifurquera plus d’une fois, faisant à chaque étape le deuil de ses idéaux précédemment défendus…

Au-delà des idéaux de Jean de Dieu, on apprécie la fresque familiale avec son épouse Isabeleta et tous les sujets qui se développent autour : la femme, l’amour, le couple, les enfants, mais aussi la maladie, comment l’appréhender, la mort, et l’après…

C’est une jolie peinture humaine que nous livre une fois encore Andrée Chedid, toute en harmonie avec des thèmes bien que classiques, teintés tantôt d’humour tantôt de mélancolie… Un beau combat de la vie… des réflexions fort intéressantes sont abordées avec délicatesse et tellement réalistes qu’on devine l’auteure nous contant plus qu’elle nous écrit l’histoire d’une vie avec toutes ses interrogations qui culminent au bout du chemin…

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7 juillet 2010

La distribution des lumières

Plusieurs personnages prennent tour à tour la parole, mais une seule mène la danse, la démoniaque Aurèle. Une adolescente tout à fait classique à première vue, qui se cherche, s’enivre, s’interroge, s’ennuie et se met à épier une voisine qui n’est qu’autre sa professeur de musique au collège : la charmante Anna.

Aurèle entraîne son demi-frère Jérôme et joue de sa faiblesse mentale pour le rendre complice de son jeu l’entraînant dans sa spirale infernale. Jérôme n’a d’yeux que pour sa sœur, lui vouant une totale confiance, se laisse glisser vers des dérives houleuses. Alors que Pasquale devient un rival, le couple infernal –sœur-frère- le mènera dangereusement vers une histoire d’un meurtre puis deux.

Dire plus, serait dévoiler toute l’intrigue finement menée dont rien ne laisse présager un tel scénario. Chapitre après chapitre, on ressent le piège qui se referme doucement mais inévitablement sur Anna et Pasquale. Ce dernier soutenu par sa femme qu’il a laissée en Italie parvient à garder espoir d’échapper à cette manigance, glissant par moments vers une douce folie. Son attitude est vraiment touchante, on perçoit tout à fait sa lucidité qui tombe en lambeaux, semble se reprendre, mais reste consterné avec son impuissance. Du doute à la vérité, des scènes orchestrées avec brio rendent la lecture prenante et passionnante.

Les personnages sont forts et bien démarqués. La présentation psychologique des 3 personnages principaux est tout à fait remarquable. On pense toucher la vérité du bout des doigts et puis tout s’évanouit comme une ombre que la nuit absorberait…

C’est fin, prenant, surprenant. Ca pourrait être un thriller, mais c’est encore plus subtile, un mélange d’un tout qui s’impose avec délicatesse de page en page.

La lumière braquée sur le comportement d’une adolescente d’apparence inoffensive même attentionnée avec son demi-frère, prend des mesures disproportionnées, au nom d’une passion obsessionnelle envers Anna. L’innocence et l’inconscience de ses actes rendent la position de Pasquale encore plus fragile et celle d’Anna périlleuse.

L’ histoire qui se déroule en banlieue, reflète ce mal, ce besoin d’exister, de se faire aimer, par des actes percutant les règles des adultes. Une façon de dire : je suis sans doute une ado lambda, mais sous ma capuche, j’irai au bout de ma volonté détruire par plaisir ce monde absurde dans lequel je ne trouve pas ma place ni d’avenir…

Sans l’ombre d’un remords, Aurèle continuera son petit bonhomme de chemin, et se souviendra de ce drame comme un jeu dont elle aurait gagné la partie sans réaliser qu’elle a détruit des vies comme si elle écrasait une mouche. Elle en parle comme une mauvaise blague dont elle se serait bien marrée : “ le crétin ! il n’a eu que ce qu’il méritait” sera la dernière phrase de l’adolescente qui referme le livre, laissant le lecteur déconcerté mais tout à fait conscient de la réalité des choses qui est malheureusement une part de notre société actuelle. La dérive d’une humanité en mal d’exister à la recherche de soi, se perd dans des actes basculant inexorablement vers des drames.

Quand les limites n’ont plus de frontières, il ne fait pas bon croiser le chemin d’une adolescente dans une banlieue où l’oisiveté et l’errance de soi mènent à des pratiques dangereuses et où la manipulation des êtres est une arme redoutable…

Quand à la plume de Stéphanie Hochet, elle nous porte avec délicatesse et douceur bien que très franche. Elle expose plusieurs sujets intéressants en filigrane au coeur de l’histoire qui nous invite à méditer.
Pour résumé, c’est une lecture intéressante , originale et agréable nous laissant un arrière goût amer de réalisme et d’impuissance. La douceur de la majorité des personnages est épinglée par la cynique Aurèle dont notre seule envie est de chopper cette gamine , braquer la lumière sur ses actes et lui exposer notre colère.

Un livre tout en contraste mais parfaitement bien mené et équilibré. Un roman à ne pas manquer !

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5 juillet 2010

Laissez-moi

Cette phrase - “Une flamme très pure défiant la vie” -se suffit à résumé ce petit livre qui est ni un roman, ni une nouvelle, je dirai une longue lettre unique comme un dévidoir d’une blessure qui se doit de saigner, s’épurer, s’éclaircir et trouver au fin fond de cette douleur, le baume qui rendra cette plaie moins suintante, cicatrisant lentement au fil des mots écrits, pour ne pas dire jetés sur ce papier, tant on ressent sa déception, sa colère, son incompréhension et sa résignation.

Ce livre est l’unique de cette dame emportée par la tuberculose. A la lecture de ce récit, on ressent son empressement à livrer tout ce bouillonnement en elle, tant cette rupture sans autre explication que cette phrase : « Je me marie… Notre amitié demeure… » '(c’est un peu léger), blessant et complètement ahurissant. Elle dépeint donc ce récit autour de cette phrase, elle tente d’analyser le pourquoi du comment, elle expose le sens du mot “Amour mué en Amitié” (ce qu’il lui laisse) elle tente de comprendre comment elle conçoit cette relation avant et après cette phrase. Cette longue lettre n’est autre qu’un abcès qu’elle perce à vif en plus de sa maladie elle doit donc combattre cette souffrance supplémentaire.

Sa force qu’elle puise à écrire est sans doute le remède à cette blessure, dire ce qui n’a pas été dit sincèrement, mettre noir sur blanc les mots amers et chargés de rancœur, comment en être autrement alors qu’elle attendait du soutien, un amour de toujours, elle n’a qu’un lâche qui lui envoie cette lettre dérisoire avec cette simple phrase sans autres explications ni excuses.

Mais elle ne tombe pas dans l’apitoiement, le plus à plaindre serait même cet ignoble personnage qu’elle nommait “Bébé” , il ne mérite aucune éloge, ni nom, pas de pitié pour ce genre d’être humain égoïste sans une once de courage, et monsieur la prie de garder leur amitié, non mais puis quoi encore… elle l’envoie au diable et c’est ce qu’il mérite…

En résumé, un petit livre qui traversera le temps sans problème tant ce sujet est ô combien éternel, mais ce qui le rend intéressant c’est la manière qu’elle aborde cette rupture, comment elle l’analyse, elle la rend moins aigre et puise en elle, la noirceur du personnage afin de le rendre plus laid et plus rebutant que jamais à l’oublier au plus vite.