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    10 juillet 2016

    Des trois frères Lauritzen, seul Lauritz est retourné en Norvège pour honorer le contrat moral passé avec la Bonne espérance et construire la ligne de chemin de fer Bergen-Kristiana. Oscar est parti tenter sa chance en Afrique et Sverre a tout quitté pour suivre son amant Albie en Angleterre. Installés à Manningham, le domaine dont Albie a hérité en même temps que de son titre de comte, les deux hommes délaissent très vite l'ingénierie pour se consacrer à l'art, Sverre en tant que peintre et Albie en mécène. Partageant leur temps entre la campagne anglaise et Londres où ils fréquentent le Bloomsbury Club, ils coulent des jours heureux dans l'opulence financière, artistique et intellectuelle. Cette harmonie, à peine troublée par les infidélités d'Albie, se teinte des plus grandes inquiétudes quand le pays nourrit soudain des velléités guerrières contre l'Allemagne. Et quand la guerre éclate, les homosexuels sont montrés du doigt, traités de pervers, de lâches et de traîtres à la patrie.

    Après un excellent premier tome consacré à Oscar et Lauritz, Jan Guillou continue sa saga avec un tome centré sur Sverre, le troisième frère. Et il faut bien avouer que cet opus est un poil décevant. Alors qu'il excellait à raconter les progrès techniques et l'euphorie du siècle nouveau, l'auteur est un peu moins inspiré quand il s'agit d'évoquer les milieux artistiques et homosexuels londoniens. Il y a quelque chose de factice dans sa façon d'évoquer les amours de l'ingénieur norvégiens et de son lord anglais. On trouvera peut-être un peu d'intérêt à voir comment le milieu artistique britannique dédaigne les œuvres de Cézanne, Van Gogh ou Picasso, mais ce n'est pas une révélation. Ou alors quand le décor change et que l'on suit les deux amants au Kenya où se marie une des sœurs d'Albie. Mais là encore, les blancs qui colonisent, qui chassent, qui croient en leur devoir de civilisation des peuples autochtones, ne sont pas non plus une découverte.
    Bref, ce deuxième tome manque de puissance et s'avère plutôt ennuyeux. On a hâte de retrouver les frères Lauritzen dans la suite de leurs aventures, que l'on espère plus palpitantes.