Le petit théâtre de Lucette Desvignes

C’est par le théâtre que Lucette Desvignes démarre sa carrière d’auteur. Dans l’été de 1957, trois grandes pièces voient le jour : La Grange aux Rencontres, Marsyas ou le Rebelle à la Flûte et Eurydice, Eurydice… Commandé pour le Bicentenaire de la Révolution, Le Cri du Ventre évoque les Journées des 5 & 6 octobre 1789. En 2004 une cinquième grande pièce, Encore toi, Électre ! est publiée aux USA en édition ­bilingue. Il serait dommage que cette production originale ne fût pas quelque jour mise à la disposition du public français, comme le fait le présent ouvrage pour les petites pièces. En effet, Le Petit Théâtre de Lucette Desvignes regroupe les pièces écrites plus récemment. Lueurs au sous-sol (2010) révèle en un monologue rageur ce qu’est un personnage obsédé, ce qu’il a fait et ce qu’il est encore capable de faire. Les Murmures de l’été (2017), sous la forme ­insolite d’une cantate, laisse à voir et surtout à entendre la vie d’un village tout au long d’une journée estivale sous la houlette d’un Récitant, les voix des femmes et des hommes, des jeunes et des vieux s’entrecroisent, se ­répondent ou se contrarient. C’est comme un concert vocal dont les ­partitions évoquent ce qui se fait, se projette ou échoue dans cette ­bavarde collectivité. Quant à Sur un banc du petit square (2016), il oppose dans un dialogue précieux et passionné deux messieurs amoureux du beau style et du beau langage qui se livrent à des joutes verbales impitoyables : mais ils les apprécient sans doute puisqu’ils récidivent. Dans la variété de leur forme, de leur intention et de leur style, les trois pièces donnent une bonne idée de l’écriture de l’écrivain à travers toute son œuvre, dont chaque réalisation offre une variante originale.