Éveille-toi, Nicolas

« Les grilles de l'École s'ouvrirent comme d'habitude et les mains des Frères m'accompagnèrent jusqu'au sentier, des mains qui poussaient la grille, qui bénissaient, qui priaient pour moi, des mains qui me montraient le chemin, qui disaient : « Nicolas, vous êtes libre ».Le bourg n'avait pas le même aspect que le jour où je m'y étais rendu avec Père. Ce n'était plus jour de marché. Un homme parlait tout seul en frappant sa casquette sur ses genoux; un autre flânait sur la place et comptait ses sous d'un air mécontent. Des brillants marchands de l'autre jour, il ne restait que cela. La place et même les rues étaient pavées, détail qui m'avait échappé lors de ma première visite, mais on y marchait plus mal que sur la terre battue. Impression de misère; jusqu'au crottin de cheval qui ne se confondait plus avec la terre mais formait des îlots absurdes çà et là. « Rien de bien bon au bourg », disait Père. »