Brumes victoriennes sur Londres

La période de l'Angleterre victorienne -celle du règne de la reine Victoria, qui trôna de 1837 à 1901- est l'un de ces temps vaguement définis dans l'imaginaire collectif, comme le sont la conquête de l'Ouest américain ou les Années Folles à Paris. Et le Londres victorien auquel on songe est la synthèse de ce siècle de la vapeur : entre salons bourgeois et misérables quartiers nappés de brouillard s'agite une société enclavée, engoncée de principes qui nient presque toute liberté aux femmes et se défont dans l'excès.

C'est l'époque des cabs que l'on interpelle d'un lever de canne, des allumeurs de réverbères et des corsets, d'Oscar Wilde et de Charles Darwin, des romantiques et des impressionnistes, de l'émergence fulgurante de l'industrie moderne. Les avancées techniques côtoient des croyances désuètes, le raffinement des plus hautes classes sociales se frotte dans la rue à une misère extrême et commune, encore menacée par le choléra, la City élitiste fait le contrepoint avec les docks grouillants et populaires.

La somme des contrastes de cette ère est propice au déploiement d'intrigues complexes qui brassent les problèmes sociaux et les grands desseins personnels, la science révolutionnaire et les obscurs préjugés. Les crimes et les drames revivent aujourd'hui dans des œuvres dont les titres seuls portent déjà le goût désuet de cette époque pour les sentiments exacerbés et les destins grandioses ; on les lira pour arpenter en toute sécurité les bas-fonds de Londres, éclairer notre vision de ce proche passé et renouer avec des valeurs presque éteintes.

(Thomas, Librairie Grangier)

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Une confession

Points

8,60

Une nuit brumeuse d'octobre 1854, Edward Glyver arpente les rues de Londres, choisit un passant au hasard, lui tranche la gorge. Simple entraînement avant le meurtre de Phoebus Daunt, l'éminent poète qu'il jalouse depuis son enfance. Edward Glyver aurait exécuté sa vengeance comme prévu, si une lettre anonyme n'avait pas tout chamboulé...
Né en 1948 dans le Northamptonshire, Michael Cox a fait ses études à Cambridge. Il est l'auteur d'anthologies remarquées, La Nuit de l'infamie est son premier roman.
" Un thriller aux maléfiques et magnifiques ténèbres. "
L'Express
Traduit de l'anglais par Claude Demanuelli


3,30

« Au centre de la pièce, fixé à un chevalet droit, se dressait le portrait en pied d'un jeune homme d'une extraordinaire beauté physique, devant lequel, à peu de distance, se tenait assis le peintre lui-même, Basil Hallward, celui dont, il y a quelques années, la disparition soudaine a, sur le moment, tant ému le public et donné lieu à d'étranges conjectures.» Or Dorian Gray, jeune dandy séducteur et mondain, a fait ce vœu insensé : garder toujours l'éclat de sa beauté, tandis que le visage peint sur la toile assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés. Et de fait, seul vieillit le portrait où se peint l'âme noire de Dorian qui, bien plus tard, dira au peintre : «Chacun de nous porte en soi le ciel et l'enfer.» Et ce livre lui-même est double : il nous conduit dans un Londres lugubre et louche, noyé dans le brouillard et les vapeurs d'opium, mais nous ouvre également la comédie de salon des beaux quartiers. Lorsqu'il parut, en 1890, il fut considéré comme immoral. Mais sa singularité, bien plutôt, est d'être un roman réaliste, tout ensemble, et un roman d'esthète - fascinants, l'un et l'autre, d'une étrangeté qui touche au fantastique. Nouvelle traduction de Vladimir Volkoff. Edition présentée et annotée par Jean-Pierre Naugrette.


6,30

Ce célèbre roman ne se réduit pas à une histoire de double, une parodie de Frankenstein. Qu'est-ce qui se cache derrière la porte ? L'intérieur de notre être, où voisinent le civilisé et le sauvage, l'animalité et l'humain, la mort et la vie ? Ou bien un crime secret que nous devrions expier ? Les frontières entre le jour et la nuit s'estompent, comme dans le brouillard ou dans la pluie de Londres. La peur s'insinue en nous, notre identité personnelle vacille. Stevenson multiplie les points de vue, à travers diverses récits, dont le dernier, celui du docteur Jekyll, laisse ouverte une question : et si M. Hyde courait encore à travers le monde ? Hyde n'est pas seulement le mal que Jekyll a expulsé de lui. C'est plutôt la figure du malheur. Par elle, Stevenson a donné une forme à ses tourments. Par l'art, il a triomphé de ses songes cruels.
Annotations du traducteur. En annexe : Un chapitre sur les rêves, traduit par Pierre Leyris
«Ça n'a peut-être l'air de rien à entendre, mais à voir c'était effroyable. Cet individu n'avait presque rien d'un humain. On eût dit plutôt une espèce de monstre aveugle sorti de l'enfer...»


11,00

Londres, 1862. À la veille de ses dix-huit ans, Sue Trinder, l'orpheline de Lant Street, le quartier des voleurs, se voit proposer par un élégant, surnommé Gentleman, d'escroquer une riche héritière. Orpheline elle aussi, cette dernière est élevée dans un lugubre manoir par son oncle, collectionneur de livres d'un genre tout particulier. Dans cette atmosphère saturée de mystère et de passions souterraines, Sue devra déjouer les complots les plus délicieusement cruels, afin de devenir, avec le concours de la belle demoiselle de Briar, une légende parmi les cercles interlopes de la bibliophilie érotique.

Héritière moderne de Dickens, mais aussi de Sapho et des Libertins, Sarah Waters nous offre une vision clandestine de l'Angleterre victorienne, un envers du décor où les héroïnes, de mariages secrets en amours interdites, ne se conduisent jamais comme on l'attendrait. Un roman décadent et virtuose.


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