Chaleur, chaleur… la littérature érotique

Un péché véniel ? Un remède aux grands froids ? Une mise en jambe ? Tout au mieux une cale pour l'étagère ? Chacun a sa petite idée sur la littérature érotique ; certains la lisent en cachette, certaines s'en inspirent, d'autres ne voient pas où est la littérature là dedans et une bonne majorité se contente de pouffer discrètement dans un recoin de la librairie en ne jouissant que du raffinement relatif de certains titres, aussi subtils que l'encensé "Je n'ai l'air de rien, mais je suis une franche coquine".

C'est que cette littérature peut se traiter et se lire d'une infinité de façons, puisqu'elle nous ramène à ce qu'il y a de plus naturel et fondamental en nous, mais aussi au paradoxe de notre civilisation qui dans ce domaine ne sait s'il faut se taire, condamner ou exhiber. Le choix des auteurs retenus ici est clairement celui du plaisir insouciant, de l'abandon lascif sans fausse pudeur ni retenue morale ou religieuse. Fi donc, des longs discours, de la littérature qui se disperse dans les sentiments et les aléas psychologiques interminables, mettons un peu de chair là-dessus avec deux extraits significatifs de certains des romans cités, aussi succincts que voluptueux:

“J'ouvre le repas sur un rosé frais de Provence. Je sers des crevettes rosées en entrée sur des assiettes blanches. Puis des magrets de canard aux baies roses accompagnés d'une purée de pommes de terre colorée à la tomate fraîche. Je débouche une bouteille de champagne rosé, idéal sur les pêches blanches à l'eau de rose et au sucre...”

(Emprunté à l'appétissant "Comment draguer la militante dans les réunions politiques “)

- ...Allo ?
- Tu as couru ?
- Non...
- Tu es haletante. Je te dérange...
- Non, je faisais le ménage.”

(Subtilisé à "Je ne m'ennuie jamais toute seule" (pour l'anecdote, précisons qu'elle faisait effectivement le ménage)).

(Thomas, Librairie Grangier)


Interdits en 1675 par le lieutenant de police Gabriel Nicolas de la Reynie, ces Contes jetèrent sur la carrière de Jean de La Fontaine, pourtant fort apprécié pour ses Fables, un voile d’indignité. Par la suite, on le força même à renier ces écrits en confesse, et devant l’Académie Française ! Sans compter les critiques puritaines qui le suivirent jusqu’à sa mort.
 
Quelques siècles plus tard, il nous reste le privilège de ces textes gaillards et hardis, amusants et enlevés, plus fripons que cochons, et en filigrane, les mœurs d’un siècle où les ecclésiastiques fornicateurs ne manquaient pas…


30,50

Nul n'entre ici s'il n'est amoureux du plaisir: telle pourrait être l'épigraphe de la grande anthologie érotique conçue par Maurice Lever. Si elle commence par le XVIIIe siècle, c'est que le plaisir y apparaît comme l'une des clés majeures de nos façons d'être et de sentir, et que les femmes y mènent allègrement le jeu. Centré autour de l'érotisme féminin, ce volume donne la parole à toutes celles - princesses, bourgeoises, ou comédiennes - qui osent assumer leurs désirs et revendiquer leur vagabondage sexuel. Au travers de la vie parisienne évoquée dans ces pages, avec ses parties fines, ses maisons d'amour, ses maquerelles et ses filles galantes, cet ouvrage témoigne aussi de ce moment de l'Histoire où l'érotisme devient une arme au service de la contestation politique. Des pamphlets d'une extrême violence, rassemblés ici pour la première fois, constituent Marie-Antoinette en véritable mythe de la "fureur utérine", et le bordel en théâtre du pouvoir. Un glossaire en fin de volume explique, entre autres, le sens de guerluchon, demi-castor,
gamahucher, faire le postillon, ou mettre la tête dans l'étau... Maurice Lever réunit, commente, annote et présente ces textes, pour la plupart inédits depuis longtemps, sans nulle discrimination hiérarchique. Il le fait avec l'érudition d'un grand chercheur doublé d'un écrivain à la plume vive et forte.


Un traumatisme ancien, un génie précoce, une passion dévorante les a fait basculer dans la folie des corps, de leur corps. Toutes les femmes de ces Aventures délirantes sont toutes obsédées d'amour ou de désir, toutes fragiles et fortes, de cette force que donne le sexe par son élan vital, rédempteur ou destructeur.
Elles sont toutes folles, à leur façon, hors les lois ordinaires de la logique et des codes. Ce qu'elles osent ou qu'elles rêvent de fabuleuses obscénités, ce qu'elles observent d'étranges et indécents rites, ce qu'elles commettent de troublantes transgressions, c'est leur esprit malade et leurs sens déréglés qui le soufflent aux héroïnes de ces nouvelles, inspirées pour la plupart de faits réels.
Car les archives, comme l'actualité, sont pleines de ces brûlantes « cinglées », de ces fascinantes égarées qui donnent une signification et une richesse particulières à « l'amour fou ».

Pour son 25 ème livre, Françoise Rey plonge dans l'univers délirant des femmes qui aiment s'adonner sans réserve à la folie des corps et revient ainsi à son écriture favorite, celle d'un érotisme torride, débridé et joyeux.


5,90

« Sexuellement, c’est-à-dire avec mon âme », écrivit un jour Boris Vian.
Si le bouleversant roman d’amour de L’Écume des jours peut apparaître comme l’expression d’une forme de romantisme moderne, l’auteur des Cantilènes en gelée sait aussi explorer sans tartufferie les dimensions charnelles de l’amour, les ombres et les lumières du fantasme et les éclats de rire de la plaisanterie gauloise. On le découvrira ici avec ces petits chefs-d’œuvre intitulés « La Messe en Jean Mineur », « La Marche du concombre » ou « Liberté »… C’est bien ce dernier mot, d’ailleurs, qui résume le mieux l’état d’esprit et l’idéal que traduit ici l’écrivain. La liberté d’aimer sous toutes ses formes, et de le dire face à la « conspiration des nuisibles », justement dénoncée dans « Utilité d’une littérature érotique ».