Conseils de lecture

Épisode 1

Éditions Gallmeister

Conseillé par (Libraire)
11 mars 2013

Lonesome dove 1 & 2

La référence incontestée du western littéraire, une épopée à travers les États-Unis distinguée par le prix Pulitzer. Les dialogues sont enlevés, créatifs et pleins d'humour, les personnages sont riches, leurs rapports complexes et les points de vue multiples pour expliquer leurs actions.
De l'aventure, des tragédies, des Indiens, des balles perdues et la recette de l'oppossum grillé, tout ce qu'il faut pour parcourir 1200 pages d'exception avec bonheur.


19,50
Conseillé par (Libraire)
31 janvier 2013

Ombres et lumières de jeunesse

Joli titre en forme de faux oxymore pour ce nouveau roman aux accents autobiographiques d'Alain Mabanckou. Le grand écrivain congolais revient après vingt-trois ans d'absence sur les lieux qui l'ont vu grandir, dans la ville de Pointe Noire, ses déambulations au coeur des différents quartiers et les retrouvailles avec ceux qui l'ont connu alors étant prétextes à de multiples anecdotes. Les souvenirs du romancier, mais aussi ceux de ses interlocuteurs (oncles, tantes, cousins, neveux, etc) affluent pour former une histoire, la sienne, divisée en vingt-cinq chapitres qui, agrémentés de photographies intimes en noir et blanc, sont autant de petits contes dévoilant chacun un pan de la jeunesse de l'auteur : ainsi, comme le promettent ces lumières-là, c'est une part de l'histoire d'une ville en même temps que les coutumes, les croyances et les mystères de ses habitants qui nous sont révélés.


9,20
Conseillé par (Libraire)
28 janvier 2013

Dans son dernier livre, Delphine de Vigan plonge au coeur de sa mémoire familiale, dans un récit qui évoque la vie et le suicide de Lucile sa mère, troisième enfant d'une grande fratrie. Elle y décrit un très beau portrait de sa relation mère/fille à travers les témoignages des uns et des autres, de photos et de documents dans une enquête haute en couleur et en douleur où l'on découvre la maladie de Lucile, diagnostiquée bipolaire à l'âge de 30 ans. Ce roman autobiographique, où l'auteure reste en retrait dit tout de sa famille, c'est maitrisé, avec une écriture simple mais extrêmement sensible et poignante. On en ressort bouleversé.


Conseillé par (Libraire)
21 janvier 2013

Que ne ferait-on pas pour humilier son ex ? Pete décide, lui, d'écrire un best-seller en respectant quelques grands principes du roman à succès :

"Règle 2 : Ecrire un livre populaire. Ne pas gaspiller d'énergie à en faire un bon livre" [...]
"Règle 9 : Dans les passages ennuyeux, insérer des descriptions de repas délicieux". Etc.

Sur cette base prometteuse, Steve Hely nous propose une réflexion ironique et cruelle sur une certaine littérature actuelle. Découpé en chapitres dynamiques et originaux, ce roman apportera quelques heures de bonne humeur et une réponse solide à ceux qui se demandent "pourquoi Marc Lévy et Guillaume Musso ?"


8,70
Conseillé par
14 janvier 2013

D’aucuns disent qu’il y a toujours une femme derrière un grand homme. Pour Ernest Hemingway, la première d’entre elles, c’est Hadley. La première, oui, car il y en eut d’autres, même si Hadley Richardson fut la première épouse. Nous sommes en 1920, c’est l’époque des Roaring Twenties où le jazz et la prohibition contournée marquent une sortie de guerre sous les couleurs de l’euphorie et de l’insouciance. « Prenons une bonne cuite. / D’accord. Ça, on a toujours su faire. » (p. 413)

Dans ce roman, c’est Hadley qui prend la parole et qui raconte sa rencontre avec celui qui n’était tout d’abord qu’un journaliste enragé d’écriture et prêt à tout pour apprendre à devenir un écrivain. « Qu’avez-vous l’intention de faire ? / Entrer dans l’histoire de la littérature, je pense. » (p. 25) Outre cette rage de percer dans le monde des lettres, le jeune Ernest porte en lui le traumatisant souvenir de la guerre et des blessures qu’il a reçues. Tous ses démons sont déjà là, tapis derrière l’appétit d’écrire. Le mariage d’Hadley et d’Ernest est rapide et c’est tout aussi vite que le couple part à Paris. Aux dires de certains, il n’y a que là que l’on peut écrire, vraiment écrire.

Hadley comprend vite qu’elle ne peut et ne doit pas rivaliser avec l’écriture si elle veut garder son mari. Elle se fait son soutien le plus fidèle et le plus solide, alors même qu’elle dépérit dans cette ville étrangère, solitaire parmi la foule. Elle doit sans cesse composer avec les humeurs de son époux qui désespère de voir ses nouvelles publiées. Mais Ernest est un être sensible et attentif : entre deux humeurs, il fait tout pour combler son épouse et se sortir de son marasme intime. « Ce que j’ai compris, moi, c’est que si je m’occupais de ma femme – c'est-à-dire de toi – je me soucierais moins de moi-même. Mais peut-être que ça marche dans les deux sens. » (p. 112) Hadley et Ernest s’affrontent souvent, mais tiennent bon. Jusqu’à ce que la vérité éclate : il est notoire qu’Ernest avait un grand appétit pour les femmes, même si le remords accompagnait souvent ses incartades. « Les gens ne s’appartiennent qu’aussi longtemps qu’ils y croient l’un et l’autre. Il a cessé d’y croire. » (p. 468)

Dans ce Paris des années 1920, Hadley nous donne à voir Ezra Pound, James Joyce ou Gertrude Stein dans les cafés de Montparnasse et de la Rive Gauche. C’est tout un Paris mythique qui surgit sous la plume de Paula Mclain et c’est bien ce qui m’a le plus intéressée. Suivre l’éclosion de l’Hemingway écrivain est fascinant : on voit l’obscur journaliste qui court après les sujets et l’auteur en devenir qui gratte des pages pendant des nuits entières. Et quand vient enfin la reconnaissance, on peut se demander si elle valait tout ça. « Ce fut la fin du combat d’Ernest avec l’apprentissage et la fin d’autres choses également. Il ne serait plus jamais inconnu. Mais nous ne serions plus jamais aussi heureux. » (p. 309) À voir la fascination d’Hemingway pour la tauromachie, on ne peut s’empêcher de penser que l’écriture est une corrida et que l’auteur n’est peut-être pas le torero.

Par certains aspects, ce roman m’a rappelé Alabama song de Gilles Leroy, ce récit où l’on suit les déboires conjugaux et artistiques du couple Fitzgerald. On croise d’ailleurs Francis et Zelda dans les pages de ce récit. Le roman de Paula McLain est fondé sur un artifice, à savoir faire parler la femme cachée derrière l’homme. Mais créer un personnage à partir d’une personne réelle tout en soutenant l’illusion de la réalité, ça prend difficilement avec moi. Nul doute que l’auteure connaît son sujet et qu’elle s’est documentée avant de donner la parole à Hadley, mais il me manque de véritables interventions de cette épouse trimballée dans toute l’Europe. Des lettres ou des extraits de journaux auraient très largement contribué à renforcer la longue confidence de cette femme qui, finalement, reste bien impalpable malgré la volonté de Paula McLain de la sortir de l’ombre.

Le titre original est The Paris Wife et je trouve qu’il correspond beaucoup mieux au roman. Peut-être que cette expression ne fait pas suffisamment sens pour les lecteurs francophones, mais le destin d’épouse d’Hadley est liée à Paris et il est dommage que le titre français occulte cette facette du personnage. Madame Hemingway est un beau roman sur l’amour et l’abnégation conjugale. Il m’a donné envie, plus que jamais, de découvrir les œuvres d’Hemingway qui me manquent.