Fleurissez votre langage d'argot et d'injures

Le beau parler a fait son temps. Force est de constater la déliquescence de l'imparfait du subjonctif, la mainmise du faire et de l'avoir sur tous les verbes un peu plus subtils qui permettaient autrefois de personnaliser un petit peu ses sentences. Doit-on pour autant dédaigner de trouver le mot juste, la tournure précise qui saura traduire une pensée sans sonner vieux jeu ? Certes non.

La solution est d'investir le tout-venant du parler quotidien pour en extraire les plus belles partitions, de sonder l'esprit d'invention populaire pour remettre au goût du jour quelque tournure trop tôt effacée par un usage plus fade ou une métaphore récente et passe-partout. L'argot, donc, sera votre premier champ de recherche, mais comment passer outre le foisonnement des insultes imagées ?

Il n'est guère glorieux de s'en prendre verbalement à son prochain, objecterez-vous. Sénèque ou Épictète vous affirmeraient d'ailleurs en bons stoïciens que c'est bien plutôt une occasion inespérée de travailler sur la maîtrise de soi. Le maroufle qui vous a manqué de respect ne mériteraient donc pas même un soupir de vous. Oui. Bon. Mais ce serait passer à côté d'une opportunité rare : celle d'employer un vocabulaire désormais inusité, d'une richesse pourtant inestimable.

Le champ lexical de l'affront verbal ne se limite pas, en effet, aux dérivés du fameux _mot de trois lettres_, ou autres sources d'inspiration peu glorieuses. Prenez connaissance d'un dictionnaire bien informé et envoyez donc au butor sans gêne ce que vous pensez de son attitude ; vous sauverez l'un de ces mots chers au Professeur Rollin et l'opprobre qui cinglera de plein fouet votre ennemi sera double lorsqu'il s'apercevra que votre insulte choisie lui est complètement inconnue.

(Thomas, Librairie Grangier)

Les entrées de ce dictionnaire se caractérisent par trois principes : la
notoriété de l’injurié, la qualité de celui qui injurie, et le caractère
outrancier, humoristique ou d’une absolue mauvaise foi de l’insulte.


Voici quelques exemples :


ARAGON : Tant et tant d’arrivisme pour arriver si peu !
Salvador Dalí
Les Cocus du vieil art moderne


KEROUAC (Jack) : Dieu sait que Kerouac a encore le temps de
devenir un véritable écrivain. Il est jeune et il travaille beaucoup. Mais
il représente bien tristement ce que les jeunes intellectuels disent et font
chez vous. Ils ont bien besoin de passer une semaine dans un lycée
français pour apprendre à penser et à construire.


Lawrence Durrell
Lettre à Henry Miller, novembre 1958
LACAN (Jacques) : Qu’il soit devenu, j’allais dire le pape de la
psychiatrie, ne m’étonne pas. Il a toujours eu le goût du canular.
Louis Leprince-Ringuet
Le Bonheur de chercher


Les gros mots des grands classiques

Seuil

12,20

Chez Flaubert, on " schlingue d'une façon fantastique ", et chez Hugo on " pue de la gueule ". Balzac manque de " thunes ", Vallès de " pognon " et Proust de " pépètes " – Zola n'a même plus " un radis ". Marot " bouffe " et Montesquieu " se fout " de tout. Dans ce dictionnaire, on croise des " pouffiasses " chez les Goncourt, des " maquereaux " chez d'Aubigné, des " racailles " chez Calvin et de simples " flics " chez Verlaine. Mauvaises fréquentations ! Mais qui ébranlent la vision, souvent bien étroite, que nous avons de notre langue et de notre patrimoine littéraire – en un mot, du temps.


Un dictionnaire vivant et savoureux pour le plus grand bonheur des amoureux de la langue !Un dictionnaire de la langue et de la culture argotique :- 10 000 mots- 5 000 expressions- des définitions mot par mot et sens par sens- des citations systématiques d'auteurs et de grands noms de la langue argotique (Bruant, Céline, Pierre Perret...)- des explications étymologiques pour chaque sens et chaque expression- de nombreux dérivés et variantes orthographiquesUn lexique français-argot : unique !- un véritable dictionnaire «bilingue»- 3 000 mots du langage courant et plus de 16 000 équivalents argotiques


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La langue française est décidément très riche... comme le prouvent la variété de ses " gros " mots et leurs particularités ! Savez-vous par exemple qu'une " arsouille " était en réalité un souteneur de tripot au XVIIIe siècle ? Que " charogne " malgré son odeur... est le titre d'un poème de Baudelaire ? Vous connaissez les " bachi-bouzouk " et autres " concentrés de moules à gaufres " du capitaine Haddock, mais connaissez-vous le vocabulaire fleuri de Brassens ou le langage appétissant de Rabelais en la matière ?
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Arthur Bernard, Gadet

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